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Continuité pédagogique : les difficultés d’étudiants pour suivre à distance montrées par 2 enquêtes

News Tank Éducation & Recherche - Paris - Actualité n°180022 - Publié le 10/04/2020 à 11:53
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Université Rennes 2 - ©  Univ-Rennes 2

« Une proportion non négligeable d’étudiants se trouve dans des situations problématiques, voire préoccupantes (entre 10 et 20 % des étudiants selon les indicateurs retenus) », indiquent les premiers résultats d’une enquête sur les conditions de vie et d’étude des étudiants de l’Université Rennes 2, publiés le 03/04/2020.

Cette consultation étudiante en ligne, lancée le 26/03/2020, a recueilli 3 468 contributions. Les résultats indiquent également que 10 à 15 % des étudiants « ont des difficultés d’accès aux outils numériques ». Avec la mise en place du confinement, 17 % expriment des difficultés scolaires, 14 % déclarent des difficultés financières.

« Pour certains, les difficultés pratiques semblent lourdes et pèsent sur les conditions d’étude à distance : accès aux outils numériques (absence ou nécessité de partage), au réseau Internet, présence d’enfants ou de frères et sœurs dont il faut s’occuper, conciliation avec un emploi voire avec une réquisition (hôpitaux, commerces d’alimentation) », conclut l’enquête.

Toutefois deux tiers des étudiants considèrent les solutions proposées par les équipes pédagogiques comme « appropriées dans ces circonstances exceptionnelles ».

Selon une autre enquête menée par Bureau national des élèves ingénieurs Association des élèves ingénieurs. auprès de 11 107 étudiants, provenant de 165 écoles d’ingénieurs, 6 % des élèves n’ont accès à aucun logiciel nécessaire à leurs études, et 2 % des étudiants en école d’ingénieur n’ont pas accès à un ordinateur en permanence.

Des chiffres réduits, pour autant 48 % des étudiants ingénieurs en formation ne suivent pas la totalité des cours à distance. Principales raisons évoquées : le manque de motivation (47,2 %), problèmes techniques (36,9 %), et l’impossibilité d’installer les logiciels soi-même (13,3 %).


Méthodologie

  • L’enquête du BNEI Bureau national des élèves ingénieurs a pris la forme d’un sondage en ligne composé d’une quinzaine de questions adaptée à chaque élève-ingénieur, qu’il soit en formation, en apprentissage, en stage, ou en mobilité internationale. Cette enquête s’est déroulée du 21 au 25/03/2020. Elle a vocation a être reconduite durant le confinement.
  • L’enquête de Rennes 2, « Confinement : enquête sur les conditions de vie et d’études » s’est également appuyée sur un sondage en ligne lancé le 26/03. Le taux de retour par rapport à l’effectif total d’étudiants accueillis à Rennes 2 est de 16 %.

Les cours à distance ne sont pas suivis par près de la moitié des élèves-ingénieurs

48 % des élèves ne suivent pas la totalité des cours à distance

45 % des étudiants en formation dans les écoles d’ingénieur n’ont pas perçu la totalité des enseignement. En apprentissage, cette proportion passe à près de 61 % des élèves-ingénieurs, indique l’enquête du BNEI.

Les raisons d’un manque de suivi des cours

Source(s) : Retour sur la gestion de la crise Covid-19, BNEI

Des difficultés plutôt liées à l’équipement informatique

Près de 97 % des élèves ingénieurs ont accès à un ordinateur, professionnel ou non, qui n’est pas partagé avec d’autres membres de la famille, indique le BNEI. Près de 28 % d’entre eux n’ont cependant pas accès à la totalité des logiciels nécessaires à leurs études.

47 % indiquent ne pas y avoir accès pour des raisons de licence payante, tandis que 37 % indiquent ne pas disposer du matériel informatique nécessaire (puissance, mémoire, etc.). « La différence de moyens techniques d’un étudiant à l’autre ne permet pas de suivre aussi efficacement », ajoute le BNEI.

Les raisons d’un manque d’accès aux logiciels

Source(s) : Retour sur la gestion de la crise Covid-19, BNEI

Pour les élèves-ingénieurs, certains cours ne sont pas envisageables

Les TP avec matériel « pas du tout envisageables » pour 45 % des élèves-ingénieurs en formation

Certains cours ne semblent « pas envisageables » selon les élèves-ingénieurs. Ainsi, si les cours magistraux le sont tout à fait pour 40 % des étudiants interrogés (même proportion pour ceux en apprentissage), les TP avec matériel ne le sont « pas du tout » pour 45 % de ces mêmes étudiants (70 % en apprentissage).

Les examens, aussi bien oraux qu’écrits, semblent « compliqués à mettre en place » pour 40 % des élèves-ingénieurs en formation (35 % en apprentissage), indique l’enquête du BNEI.

Un point de vue mitigé sur la pédagogie à distance

Pour 57 % des élèves-ingénieurs, la formation à distance est plus difficile qu’à l’école. La pédagogie à distance permet cependant « d’aller à son rythme », d’avoir « un cadre de travail plus confortable », et « permet d’adapter les heures de travail au rythme biologique ».

« Il est parfois difficile de se concentrer sur ses études lorsqu’il n’y a pas de dissociation entre l’espace de vie et l’espace de travail », et « l’absence d’interactions sociales avec les camarades de classe est un frein à la motivation et à l’entraide en plus d’augmenter le sentiment d’isolement », notent toutefois certains étudiants.

Stages, apprentissages, mobilité internationale : les élèves-ingénieurs rencontrent des difficultés

50 % des élèves-ingénieurs rencontrent des « difficultés liées à l’école (peu d’informations, arrêt des démarches de convention, décision de report, etc.) » au sujet de leurs stages, apprentissage ou mobilités internationales.

Le souhait d’une validation du diplôme sans mobilité

Selon 49 % des étudiants interrogés, « la crise sanitaire est un frein à la validation de la mobilité internationale des élèves-ingénieurs ». En conséquence, 39 % des étudiants interrogés souhaitent « une validation du diplôme sans mobilité », et 36 % prônent « une période reportée avec un avenant au contrat si besoin. » 59 % d’entre eux sont rentrés en France.

67 % des élèves-ingénieurs en mobilité internationale rencontrent des difficultés à trouver un stage, et 18 % ont vu leur stage annulé.

Les stages et l’apprentissage

  • 70 % des étudiants-ingénieurs en stage sont passés en télétravail. 28 % ont vu leur stage interrompu.
  • 67 % des étudiants-ingénieurs en stage de fin d’études sont passés en télétravail. 17 % ont vu leur stage interrompu.
  • En parallèle, 50 % des étudiants-ingénieurs en apprentissage sont passés en télétravail, et 19 % d’entre eux sont en chômage partiel, indique le BNEI.

De manière générale, 46 % des élèves-ingénieurs rencontrent des difficultés à trouver un stage, et 23 % ont vu leur stage annulé.

À Rennes 2, deux tiers des étudiants considèrent les moyens mis en place comme « plutôt appropriés »

Des difficultés à mettre en place la continuité pédagogique

Parmi les 3 400 étudiants qui ont répondu à l’enquête de Rennes 2, « 80 % des étudiants disposent d’un ordinateur à usage personnel, mais 7 % doivent le partager et 1,4 % n’en disposent pas du tout. L’accès au réseau Internet est un problème pour 15 % d’étudiants, qui déclarent un accès limité, souvent compris dans les forfaits téléphoniques. »

« Les difficultés scolaires, liées à la continuité pédagogique, sont les plus fréquentes puisqu’elles concernent plus d’un tiers des étudiants. Elles sont suivies par des difficultés psychologiques (plus d’un quart), financières et pratiques (un sixième dans les deux cas). Mais ces difficultés se cumulent… et l’on recense environ 10 % d’étudiants qui déclarent trois types de difficulté ou plus. »

Les solutions proposées pour poursuivre l’enseignement sont-elles appropriées ?

Source(s) : Confinement : enquête sur les conditions de vie et d’études, Rennes 2, avril 2020

Stress, épuisement : des préoccupations supplémentaires liées au confinement

« Les difficultés scolaires, pratiques, financières signalées sont probablement à mettre en lien avec la proportion importante d’étudiants (plus d’un quart) mentionnant des difficultés psychologiques. Concrètement, les réponses font état de stress, voire de situations d’épuisement (en particulier pour les étudiants travailleurs et parents) », continue l’Université Rennes 2.

« Au-delà de l’anxiété liée à l’épidémie (peur pour soi et pour ses proches), la vie se trouve bouleversée et certains étudiants se disent débordés, perdus et inquiets. Et l’absence de visibilité sur les conditions de déroulement des examens a un effet amplificateur. »

De quel ordre sont les difficultés rencontrées ?

Source(s) : Confinement : enquête sur les conditions de vie et d’études, Rennes 2

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