Genre : les scientifiques ont des stéréotypes « qui peuvent freiner la carrière des chercheuses »
« Le concept de science demeure beaucoup plus fortement associé au masculin qu’au féminin dans les esprits, (…) y compris chez la plupart des scientifiques sans que les intéressés n’en aient forcément conscience. Et dans certaines conditions, il peut conduire des jurys pourtant rigoureux à défavoriser les femmes lors de concours pour la promotion de chercheurs et chercheuses ».
Telle est la conclusion d’une étude menée par des scientifiques du Laboratoire de psychologie sociale et cognitive (CNRS
Centre national de la recherche scientifique
/ Université Clermont-Auvergne), du Laboratoire de psychologie cognitive (CNRS/Aix-Marseille Université), et de l’Université de British Columbia (Canada), avec le soutien de la Mission pour la place des femmes du CNRS, publiée dans la revue Nature Human Behaviour le 26/08/2019, indique le CNRS le même jour.
Elle se base sur l’étude pendant deux ans de 40 jurys chargés d’évaluer les candidatures aux postes de directeur ou directrice de recherche du CNRS, soit 414 personnes : « une première en situation réelle et à l’échelle de tout le spectre scientifique », note l’organisme.
Résultat : « De la physique des particules aux sciences sociales, les scientifiques, hommes et femmes, associent pour la plupart “science” et “masculin” dans leur mémoire sémantique (la mémoire des concepts et des mots) », indique le CNRS, ajoutant qu’il s’agit d’un stéréotype « implicite », le plus souvent « pas détectable au niveau du discours ».
Quant aux effets de ces stéréotypes, l’étude indique qu’ils existent « pour les jurys qui nient ou minimisent l’existence de biais en défaveur des femmes », c’est-à-dire qui « attribuent les disparités de genre en science aux choix faits par les femmes ou à des différences de compétences plus souvent qu’à l’existence de discriminations ou aux contraintes familiales ».
Dans ces jurys, un sur deux environ, « plus les stéréotypes implicites sont forts, moins les femmes sont promues. En revanche, lorsque les jurys admettent la possibilité d’un biais, les stéréotypes implicites, quelle que soit leur force, n’ont plus aucune influence », ajoute le CNRS.
Mettre en lumière les mécanismes de stéréotypes
Le CNRS ajoute que depuis 2019, et sous l’impulsion de la mission pour la place des femmes du CNRS, les membres des jurys de concours « sont invités à suivre une auto-formation sur les stéréotypes de genre et chaque jury a désigné un référent ou une référente parité ».
Mais pour les auteurs de l’étude, « afin d’être pleinement efficace, ce dispositif doit être complété par d’autres mesures visant :
- d’une part à éclairer les membres des jurys sur les conditions exactes dans lesquelles les stéréotypes implicites influencent leurs décisions ;
- et, d’autre part, à expliciter les stratégies permettant de contrer cette influence ».
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Fiche n° 1955, créée le - MàJ le 13/11/2024 à 12:42