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Inde : radiographie de l’ESR et perspectives de coopération avec la France (Campus France)

News Tank Éducation & Recherche - Paris - Actualité n°116185 - Publié le 23/03/2018 à 15:56
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©  D.R.
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« La mobilité des étudiants indiens vers la France a progressé de plus de 50 % au cours des cinq dernières années. Mais nous devons faire plus encore. C’est même l’un de nos principaux défis dans ce pays. Le ministre de l’Europe et des Affaires étrangères m’a fixé comme objectif que notre pays accueille 10 000 étudiants indiens d’ici 2020. Cet objectif est ambitieux, mais il est à notre portée », écrit Alexandre Ziegler, ambassadeur de France en Inde, dans son avant-propos du « dossier Inde » de Campus France, publié en mars 2018.

Ce dossier fait une synthèse de l’enseignement supérieur et de la recherche en Inde, et aborde les questions de l’internationalisation de l’ESR ainsi que de la coopération bilatérale universitaire et scientifique, et ses perspectives.

L’Inde représente aujourd’hui la troisième population mondiale d'étudiants, derrière les États-Unis et la Chine. En 2014-2015, l’enseignement supérieur indien accueille 23 % de la population de la classe d’âge pour les études supérieures, soit environ 33 millions d’étudiants, dont 46 % de femmes. Le taux d’accès à l’enseignement supérieur a augmenté de 50 % dans les cinq dernières années

Pour ce qui est du budget consacré par l’État indien à l’enseignement supérieur, il représente 4,6 Mds€ en 2017-2018, soit 0,25 % du PNB. « Bien que le rôle de l’État reste important, la part des acteurs privés s’est considérablement renforcée à partir des années 2000. Ainsi sur 789 universités, 280 ont un statut privé », note le rapport.

Emmanuel Macron s’est rendu en Inde pour une visite d’État du 10 au 12/03/2018. Frédérique Vidal, ministre de l’Esri l’accompagnait dans cette visite, de même que Gilles Roussel, président de la CPU, Marc Renner, président de la Cdefi et Anne-Lucie Wack, présidente de la CGE. Ils participaient au Knowledge Summit, premier sommet franco-indien de la coopération universitaire, scientifique et technologique.


Typologie des établissements d’enseignement supérieur

Les universités centrales (46)

Elles ont un campus unique, sont publiques et reçoivent le financement de l’État et du gouvernement. Elles offrent en général un enseignement de deuxième et troisième cycles.

Exemples d’universités centrales : Hyderabad Central University ; Aligarh Muslim University (AMU) Jawaharlal ; Nehru University (JNU)

Les universités et leurs collèges affiliés (316)

Elles ont généralement un campus central, où sont regroupés les enseignements de troisième cycle et les organismes de recherche. Elles fédèrent par ailleurs un nombre variable de collèges affiliés (entre 70 et 200), sur plusieurs campus dans la même ville, voire dans des villes voisines.

Exemples d’universités affiliantes : Université de Delhi, Université de Pune, Université du Kerala, Anna University (Chennai)

Les « collèges » proposent des enseignements de premier cycle généralement sanctionnés par un Bachelor. Certains collèges proposent également des formations de deuxième et troisième cycles (M.A, M.Sc, M.Com, MBA, etc.).

Les universités assimilées (37)

« Deemed Universities », sont d’anciens « collèges » qui se sont vu conférer le statut d’université en reconnaissance de leur tradition d’excellence dans un domaine de spécialité. Ces universités assimilées peuvent par la suite prétendre devenir des universités centrales, comme Jamia Millia Islamia University (Delhi) qui a acquis ce statut en 1988.

Exemples : Deccan College à Pune ; Tata Institute of Social Sciences(TISS) à Mumbai

Les institutions « d’importance nationale » (69)

Elles sont créées par voie législative et délivrent leurs propres diplômes, ce qui est en principe réservé aux universités.

Exemples : Indian Institute of Technology, Mumbai ; National Institute of Design, Ahmedabad ; National Institute of Science Education and Research, Pune.

Aucun établissement indien dans le top 200 des grands classements internationaux

Aucune université indienne ne figure dans les 200 premiers établissements des grands classements internationaux. Les premiers établissements classés (autour des rangs 250/300) sont IISC Bangalore, ITT Mumbai et ITT Delhi.

« Cette contre-performance des grands établissements d’enseignement supérieur indiens est généralement attribuée à la séparation traditionnelle en Inde entre enseignement et recherche (…) Les projets de réforme des études supérieures en Inde rencontrent souvent de fortes résistances et ont rarement abouti ces dernières années. Delhi University, par exemple, a introduit en 2013 une réforme très contestée allongeant à 4 ans la durée du Bachelor’s degree, sur le modèle américain. Cette réforme a été retirée en juin 2014 », souligne le dossier.

Toutefois, le classement 2015 du Times of Higher Education des BRICS et pays émergents classe 16 établissements indiens parmi les 200 premiers (dont 7 IIT).

Une place importante de l’enseignement à distance

« En dépit du grand nombre d’universités réparties sur l’ensemble du territoire indien, les structures existantes ne suffisent pas à satisfaire la demande d’enseignement supérieur. L’enseignement à distance, institutionnalisé en Inde depuis 1962, comble en partie cette lacune », souligne le dossier.

  • 15 universités dites « ouvertes » offrent des programmes de formation continue et d’enseignement à distance, ce dernier étant assuré par une soixantaine d’établissements d’enseignement supérieur.
  • Les formations en ligne ouvertes à tous (Mooc) font l’objet d’initiatives diverses, dont la plus suivie à ce stade est coordonnée par l’IIT Madras.

La recherche académique prend une place grandissante dans le paysage scientifique indien

Depuis le début des années 2000, le gouvernement a pris de nombreuses dispositions pour développer la recherche académique. Par exemple : le doublement de l’allocation des fonds pour la R&D universitaire par le Department of Science and Technology (DST) dans les trois dernières années

  • Entre 2006 et 2012, la part des publications scientifiques des universités dans la production scientifique totale indienne a doublé, passant de 15 % à 31 %
  • Entre 2006 et 2016, la part de l’Inde dans la production scientifique mondiale en nombre de publications est passée de 2,21 % à 4,21 %

Au cours de cette période, les 50 meilleures universités indiennes étaient responsables de 26 % de la production scientifique totale.

L’Inde est classée au 8e rang pour la production scientifique mondiale.

2010-2020 : stimuler l’innovation en Inde en favorisant les partenariats public-privé

« En janvier 2013, la Stratégie en sciences et technologie devient la Stratégie en sciences, technologies et innovation. Une stratégie qui vise à accélérer et pérenniser la croissance de l’Inde, en stimulant l’innovation par une plus grande implication du secteur privé dans les activités de recherche et développement, en augmentant la production de publications scientifiques, et en renforçant la place des femmes dans le domaine des sciences et technologies », indique le dossier.

« Dans la poursuite de l’objectif d’atteindre 2 % du PIB consacrés à la R&D et de faire du pays l’une des cinq premières puissances scientifiques mondiales d’ici 2020, le gouvernement compte en particulier sur un engagement renforcé du secteur privé, en favorisant les programmes de partenariat public-privé, l’émergence de structures de valorisation et la mise en place (ou poursuite) de dispositifs d’incitation fiscale (crédits d’impôts) ».

Manque de chercheurs et fuite des cerveaux

Le nombre de chercheurs reste faible en Inde (0,6 pour 1 000 actifs) mais est cependant en progression importante par rapport à 2010 (+90 000), à comparer avec la Chine (1,8 pour 1 000 actifs), les États-Unis (7,9) ou la France (7,6).

« Sur les 30 millions d’étudiants indiens qui suivent des études supérieures, seuls 0,3 % sont inscrits dans une formation doctorale et seulement 4 500 sont diplômés chaque année en Sciences et ingénierie », souligne le dossier.

L’Inde doit aussi faire face à une fuite des cerveaux, qui préfèrent se former et/ou poursuivre une carrière à l’international. « Pour autant, de nombreux scientifiques, expatriés notamment aux États-Unis, envisagent de revenir s’installer en Inde ou travaillent de manière très étroite avec des institutions partenaires en Inde ».

« Une autre forme de fuite des cerveaux inquiète les responsables indiens : la désaffection des étudiants pour les études scientifiques, moins rémunératrices que les filières économiques. Cela se traduit par un exode des étudiants scientifiques, peu intéressés par la recherche ou l’enseignement, vers l’industrie qui propose des salaires à l’embauche deux à cinq fois plus élevés ».

Des mesures récentes prises par le gouvernement pour améliorer la formation de chercheurs

  • Création en 2011 de l’AcSIR(Academy of Scientific &Innovative Research), organisme qui délivre le diplôme de doctorat aux chercheurs du CSIR et qui développe des cursus innovants et attractifs, afin d’augmenter le nombre de chercheurs.
  • Les IISERs (Indian Institutes of Science Education and Research) forment un groupe d’institutions d’excellence, dont les deux premières ont été créées en 2006 par le MHRD pour développer la formation scientifique à et par la recherche.
  • Donner plus de flexibilité aux jeunes chercheurs en matière de mobilité entre la recherche académique et la recherche industrielle et encourager davantage les femmes à choisir des carrières scientifiques.
  • En 2014, revalorisation des salaires des chercheurs de 40 à 50 %.
  • Mise en place de programmes de bourses permettant de financer environ 200 à 250 bourses par an.
  • Mise en place du comité « Kakodkar » en 2011 par le MHRD, pour faire des propositions visant à promouvoir la contribution des IIT au service de la nation

Développement des co-publications internationales

 En 2012, la part de co-publications de l’Inde avec un autre pays était de 19,8 %, contre 16,3 % en 2002, soit une évolution sur dix ans de + 21 %

 Les principaux partenaires de l’Inde sont les États-Unis (33,6 % des co-publications), le Royaume-Uni (12,5 %), l’Allemagne (10,8 %), la Corée du Sud (8,8 %) et la France (7,8 %)

Étudiants étrangers en Inde : une politique d’attractivité peu développée

« Il existe peu de dispositifs du gouvernement indien pour attirer les étudiants étrangers en dehors de ceux mis en place et financés conjointement avec les pays partenaires à l’exemple des bourses Raman Charpak avec la France », souligne le dossier.

« Toutefois, la grande majorité des universités indiennes et autres établissements (IITs, IIMs etc) réservent des places aux candidats étrangers (selon un système de quotas). Certains établissements, tel que l’IISc de Bangalore, offrent également des bourses de master, de doctorat pour attirer des étudiants étrangers de haut niveau et contribuer à l’internationalisation de leur institution. Malgré ces initiatives, le nombre d’étudiants étrangers en Inde demeure assez faible : 34 419, dont une centaine d’étudiants français d’après les données de l’Unesco pour l’année 2014 ».

90 % des étudiants indiens en mobilité vont aux États-Unis et dans les pays du Commonwealth

Les États-Unis et les pays du Commonwealth attirent la grande majorité des étudiants indiens en mobilité internationale (90 %) en raison notamment de la langue et de la présence d’une importante diaspora indienne », peut-on lire dans le dossier.

Top 5 des pays d’accueil (chiffres 2015) :

  • États-Unis (112 714 étudiants indiens, soit 44,4 % du total) : +8,4 % sur 2010-2015
  • Australie (36 892 étudiants, 14, 5 %) : +80,6 %
  • Royaume-Uni (19 604 étudiants, 7,7 % du total) : -48,7 %
  • Nouvelle-Zélande (15 087 étudiants, 5,9 % du total) : +126,9 %
  • Canada (13 626 étudiants, 5,4 % du total) : +132,2 %

« Le renchérissement des études aux États-Unis et les restrictions récentes imposées par les Britanniques à la délivrance de visas de travail à l’issue d’un séjour d’études » expliquent les évolutions récentes et le fait que « dans ce contexte, les étudiants indiens réorientent leur choix, faisant émerger de nouveaux acteurs tel le Canada qui a été le grand bénéficiaire de ces dernières années », souligne le dossier.

Une augmentation de la mobilité étudiante vers la France

L’augmentation de la mobilité étudiante vers la France au cours des cinq dernières années s’explique par le renforcement de la politique d’attractivité :

  • L’augmentation du nombre de bourses octroyées par le gouvernement français (500 bourses en 2017 contre 353 en 2015, avec un accent mis sur les bourses co-financées par une entreprise (10 partenaires) et une poursuite du programme de bourses d’excellence « Charpak ».
  • De nouvelles actions de promotion innovantes (Digital Marketing, lancement de France Alumni, Forum sur la mobilité doctorale et intensification de l’animation des Espaces Campus France).
  • Une politique des visas assouplie offrant des conditions de séjour et de prolongation de séjour attractives pour les étudiants indiens titulaires d’un master ou d’un doctorat en France. Depuis juillet 2013, l’Ambassade accorde, dans ce cadre, des visas de circulation de 5 ans dans l’espace Schengen.

Depuis les années 2000, La France est très active dans la recherche d’accords de partenariats avec des établissements indiens

  • Plus de 630 accords de partenariat (Memorandums of Understanding, ou MoU) sont actuellement connus du service de coopération universitaire, et concernent environ 120 établissements français, et 150 établissements indiens.
  • Le management et les sciences de l’ingénieur sont les disciplines les plus représentées, suivies par les sciences et les sciences humaines et sociales.
  • Ils ont essentiellement pour objet des échanges d’étudiants et d’enseignants, des coopérations dans le domaine de l’enseignement et de la recherche.

Une longue tradition de coopération scientifique et technologique franco-indienne

« La France et l’Inde partagent une longue tradition de coopération, débutée il y a plus de 50 ans dans le domaine des mathématiques et du spatial. Aujourd’hui, la France est le 5e partenaire de l’Inde en matière de coopération scientifique et technique, derrière les États-Unis, la Grande Bretagne, l’Allemagne et le Japon », souligne le dossier.

« Avec près de 5 M€ investis chaque année par la puissance publique, le réseau de coopération franco-indien est en évolution constante et poursuit son développement, bénéficiant notamment d’une structure unique de soutien à la recherche collaborative bilatérale ».

Le CEFIPRA : élément clé du dispositif français de la recherche en Inde

« Le CEFIPRA (Centre franco-indien pour la promotion de la recherche avancée) joue un rôle de catalyseur pour rapprocher les deux écosystèmes de la recherche et innovation ».

L’organisme est créé en 1987 pour accroître les coopérations scientifiques et techniques entre chercheurs français et indiens. Le financement provient du Département indien de la Science et Technologie et du ministère français des Affaires étrangères et du Développement international.

  • Budget : 3,1 M€ par an financés à parité entre les deux entités
  • Activités : à ce jour, 524 projets de recherche collaboratifs, 130 séminaires conjoints et plus de 3 200 visites d’étudiants et chercheurs, dont 300 PhD indiens formés en France et 200 post-doctorants
  • Résultats : 21 brevets, 22 produits, 27 concepts/designs et plus de 140 nouveaux procédés.

Les actions des entreprises françaises dans la coopération scientifique et technologique

Plus de 400 entreprises françaises sont présentes en Inde, dont certaines ont installé des centres de recherche et/ou mènent des activités de développement technologique, en partenariat avec des institutions indiennes (par exemple, Saint Gobain, l’Oréal, Valeo, Faurecia, Solvay, Airbus) 

Selon le site de l’ambassade de France à New Delhi, 12 MoU ont conclus entre des établissements indiens et français, lors du « Knowledge Summit », premier sommet franco-indien de la coopération universitaire, scientifique et technologique :

• des écoles d’ingénieurs : l’IMT, IMT Atlantique, Centrale Nantes et Centrale Lille ;

• des écoles de commerce : l’EM Lyon et Rennes Business School ;

• l’Université de Bordeaux ;

• les ENS, Sciences Po Paris et l’IEP de Bordeaux ;

• des organismes de recherche : CNRS, le CEA, l’Inra et l’Inserm.

« Cet événement a pour but de favoriser la connaissance réciproque entre les établissements des deux pays », déclarait Anne-Lucie Wack, présidente de la Conférence des grandes écoles, à News Tank, le 14/03/2018.

Le prochain Knowledge Summit se tiendra en France en 2019.

Campus France

Campus France est issu du regroupement de trois structures :
le GIP ÉduFrance, l’association ÉGIDE (opérateur de séjours et bourses pour les étudiants et stagiaires étrangers en France et de mobilités) et le secteur des affaires internationales du Cnous.


Catégorie : Établissements publics


Adresse du siège

28 rue de la Grange aux Belles
75010 Paris France


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Fiche n° 1948, créée le 05/05/2014 à 12:26 - MàJ le 13/10/2022 à 15:48

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