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CNRS : Antoine Petit veut lancer un fonds de préamorçage et développer le programme de prématuration

News Tank Éducation & Recherche - Paris - Actualité n°113840 - Publié le 23/02/2018 à 17:54
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Antoine Petit - ©  News Tank HER

« Il faut que le CNRS se dote, avec les partenaires qui iront bien, d’un fonds d’ultra-amorçage ou de préamorçage pour les start-up », déclare Antoine Petit, P-DG du CNRS, le 22/02/2018. Son idée est que le fonds soit centré sur la deep tech, précise-t-il à News Tank, le même jour.

« On ne le fera pas seul, parce que ce n’est pas notre mission principale », souligne-t-il. Antoine Petit prévoit donc de « faire le tour des quatre ou cinq grands investisseurs pour les convaincre » d’investir dans ce fonds. Il indique toutefois que, si « l’apport du CNRS, ce sera avant tout les technologies », l’organisme pourra également investir financièrement dans le fonds : « si le CNRS finance même 10 % du fonds, symboliquement, cela montrera l’importance que nous y attachons ».

Le P-DG défend d’autres mesures en matière de valorisation de la recherche :
• donner au programme de prématuration du CNRS « la capacité de soutenir une cinquantaine de projets par an », contre 20 actuellement;
• que le CNRS « retrouve la capacité à financer des gens pendant un an après la thèse pour leur donner l’occasion de développer, non pas une start-up, mais un projet de start-up » ;
• « augmenter les mobilités entre la sphère académique et la sphère privée », notamment via des « doubles positions ».

Le CNRS « travaille avec le ministère » de l’Esri Enseignement supérieur, recherche et innovation sur le projet de révision de la loi du 12/07/1999, portée par Claude Allègre, sur l’innovation et la recherche. « Il y a des choses qui peuvent être simplifiées. Par exemple, un chercheur peut être mis à disposition soit à 20 % soit à 50 %. Pourquoi pas 40 % ? », interroge Antoine Petit.

Selon lui « la création de start-up nécessite agilité, réactivité (…) ; un cadre, sûrement, mais pas trop de lois ».

Un autre point « extrêmement important » pour l’organisme de recherche en matière d’innovation est qu’il soit, ainsi que sa filiale dédiée à la valorisation, labellisé comme apporteur d’affaires par le fonds national de post-maturation Frontier venture, lorsqu’il sera mis en place, affirme Michel Mortier, directeur général délégué à la valorisation du CNRS.

Les deux dirigeants s’expriment dans le cadre de la célébration des 25 ans de la filière de valorisation du CNRS, qui change de nom : Fist (France innovation scientifique et transfert) SA devient CNRS innovation.


Lancer un fonds d’ultra-amorçage ou de préamorçage

Un fonds d’ultra-amorçage ou de préamorçage porté par le CNRS « serait important dans le paysage », affirme Antoine Petit, P-DG du CNRS. « Selon les secteurs, les tickets d’entrée ne sont pas les mêmes, mais il y a matière à créer plus de start-up aujourd’hui. »

« Il faut que chacun soit dans son rôle. Quand il s’agit de devenir des licornes, ce n’est sûrement pas vers le CNRS qu’il faut se tourner, parce que ce n’est plus notre boulot. Mais (…) je pense que c’est une mission importante pour le CNRS et aussi essentielle pour notre pays. »

Renforcer le programme de prématuration du CNRS

Le programme de prématuration du CNRS reçoit « entre 120 et 150 projets par an » et en finance 20 par an, indique Marie-Pierre Comets, directrice de l’innovation et des relations avec les entreprises. « Nous avons un budget de 2 M€ par an et nous avons fait une demande pour doubler ce budget. »

Pour Antoine Petit, « 20 projets de prématuration pour le CNRS, c’est totalement insuffisant. Il paraît qu’on va doubler, moi je pense qu’il faut aller plus loin, il faudrait avoir plus que ça. »

« Il ne faut pas soutenir de mauvais projets », précise-t-il, « mais je suis convaincu qu’il y aurait largement de quoi en financer plus. Il y a aussi une forme d’autocensure, quand on sait qu’il n’y a que vingt projets financés par an. »

« Il y a un chiffre dont nous sommes, à mon avis, fiers à mauvais titre : le fait que 80 % des 1 400 start-up qu’on a créées existent encore. Je pense que c’est beaucoup trop, ça prouve qu’on n’a pas pris assez de risques. Bien sûr, s’il n’en restait que 14, il y a quelque chose qui n’irait pas. Mais entre 80 % et 1 % il y a probablement des marges de manœuvre. C’est à nous d’en mettre plus sur la ligne de départ. »

Le P-DG souligne que, si « les start-up ne vont pas toutes devenir des licornes », il n’est pas possible de « savoir au départ lesquelles vont devenir des grands succès ».

« Ce programme de prématuration c’est le début de l’histoire : identifier, faire émerger les projets, commencer à les accompagner », indique Marie-Pierre Comets. L’objectif, d’après le CNRS, est d’aider ces projets à atteindre, au plus un TRL (technology readyness level) 3, c’est-à-dire la preuve analytique ou expérimentale des principales fonctions ou caractéristiques du concept.

Le programme se situe en amont du travail des Satt et « est, entre autres, un moyen d’alimenter le flux de projets candidats à une maturation (qu’elle soit SATTs, ITE ou industrielle…) », précise le CNRS.

Un an après la thèse pour développer un projet de start-up

Antoine Petit souhaite également « utiliser l’appétence des jeunes chercheurs d’aujourd’hui pour la création de start-up ». « C’était moins le cas il y a 30 ans. Il y a quelques personnes qui, après une carrière de chercheur confirmé, passent le pas, mais c’est plutôt l’exception. »

« Aujourd’hui il y a beaucoup de projets portés par des doctorants, des post-doctorants. Il faut être capable de les aider ; leur faire comprendre que faire une thèse, c’est formidable, mais qu’il y a plein d’avenirs possibles après la thèse et que créer une start-up est un de ces avenirs possibles. »

Selon lui, « cela rentre tout à fait dans notre rôle d’organisme de recherche et c’est quelque chose qu’il faut développer ».

Faciliter les « doubles positions »

Le P-DG du CNRS soutient par ailleurs le développement des « doubles positions », entre monde académique et monde économique.

« C’est courant aux États-Unis d’avoir des professeurs d’université qui passent un temps significatif dans des entreprises. En France, ça ne nous est pas interdit, légalement, mais c’est quelque chose qui existe très peu. Je pense qu’il faut vraiment essayer de le développer.

Vous allez me dire, mais comment on va traiter les problèmes de PI Propriété Intellectuelle  ? Si les Américains y arrivent, on doit pouvoir y arriver aussi. Je ne dis pas que c’est simple, mais on doit probablement pouvoir y arriver. »

Antoine Petit


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Parcours

Alliance Athéna
Président
Institut national de recherche en informatique et en automatique (Inria)
Directeur par interim Centre Saclay-Ile-de-France
Institut national de recherche en informatique et en automatique (Inria)
Directeur Centre de recherche Paris-Rocquencourt
École normale supérieure Paris-Saclay (ENS Paris-Saclay)
Directeur du département informatique

Établissement & diplôme

Université Paris-Sud (Paris 11)
Habilitation à diriger les recherches
Université Paris 7 - Diderot
PhD in Computer Science
Université Paris-Sud (Paris 11)
Agrégation de Mathématiques, Master of Mathematics

Fiche n° 6252, créée le 28/09/2014 à 21:32 - MàJ le 19/06/2023 à 14:37

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