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ExclusifSimone Bonnafous à News Tank : « Adapter Bologne aux défis du 21e siècle »

News Tank Éducation & Recherche - Paris - Entretien n°100555 - Publié le 04/09/2017 à 15:01
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©  News Tank - LM
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« Il faut faire évoluer les objectifs du processus de Bologne et les adapter aux défis du 21e siècle », déclare Simone Bonnafous, Igaenr Inspecteur / inspectrice général(e) de l’administration de l’éducation nationale et de la recherche et ancienne Dgesip Direction générale de l’enseignement supérieur et de l’insertion professionnelle , dans un entretien à News Tank, le 04/09/2017. Elle est chargée par Frédérique Vidal Conseillère spéciale du président @ European Foundation for Management Development (EFMD)
, ministre de l’Esri Enseignement supérieur, recherche et innovation , d’une mission sur la conférence de Bologne 2018 qui doit se tenir en France du 23 au 25/05/2018. Trois sujets devraient être au cœur de Bologne à l’avenir, selon Simone Bonnafous : l’acquisition des compétences, la révolution pédagogique et l’impact du numérique.

« Mobiliser la communauté » et « contribuer à l’émergence de nouvelles idées et/ou orientations pour stimuler le processus de Bologne en France et en Europe » sont les deux priorités de Simone Bonnafous, qui annonce notamment l’organisation d’ateliers participatifs au ministère, « sans doute fin octobre ».

« L’élection d’Emmanuel Macron a changé la donne ; elle a relancé une dynamique (…) Les acteurs de l’ESR Enseignement supérieur et recherche français ont la nette perception que l’événement Bologne 2018 à Paris sera important », souligne-t-elle. En effet, « l’objectif politique de cette conférence est de réaffirmer le processus de Bologne. Celui-ci aura 20 ans en 2018 et des voix ont pu se faire entendre pour dire qu’il fallait en rester là. »

L’ancienne Dgesip, relève que, « malgré ses succès (le LMD Licence Master Doctorat , les ECTS European Credits Transfer System , la démarche qualité, la mobilité étudiante), ce processus est parfois critiqué et jugé trop bureaucratique, trop lent, trop vaste (48 États), pas assez contraignant… » Et plaide pour « un changement de vision complet sur ce que sont les objectifs et les acquis de la mobilité ».


Simone Bonnafous répond à News Tank 

Désormais Igaenr Inspecteur / inspectrice général(e) de l’administration de l’éducation nationale et de la recherche , après avoir dirigé la Dgesip Direction générale de l’enseignement supérieur et de l’insertion professionnelle pendant cinq ans, vous êtes chargée d’une mission sur la conférence de Bologne 2018, qui doit se tenir en France du 23 au 25/05/2018. En quoi consiste cette mission ?

Simone Bonnafous : Lorsque j’étais Dgesip, au printemps 2015, j’ai œuvré pour que la France prenne la responsabilité d’organiser la conférence ministérielle du processus de Bologne en 2018. La France a été retenue pour succéder à l’Arménie. À ce titre, elle assure la vice-présidence du BFUG Bologna Follow-up Group (Groupe de suivi du Processus de Bologne) ainsi que le portage du secrétariat de Bologne, pour la période 2015-2018.

J’ai été missionnée par Thierry Mandon Secrétaire général @ Conseil national du commerce
, puis par Frédérique Vidal, pour accompagner la préparation de cet événement. Mon rôle est de mobiliser la communauté de l’enseignement supérieur en amont de la conférence de Paris et de contribuer à l’émergence de nouvelles idées et/ou orientations pour stimuler le processus de Bologne en France et en Europe.

Le sujet mobilise-t-il vraiment en France ?

L’élection d’Emmanuel Macron a changé la donne »

L’élection d’Emmanuel Macron a changé la donne, elle a relancé une dynamique. Les acteurs de l’ESR Enseignement supérieur et recherche français ont la nette perception que l’événement Bologne 2018 à Paris sera important pour l’engagement européen de la France en général et la valorisation de notre enseignement supérieur et de ses acteurs sur la scène internationale.

On n’a pas assez l’habitude en France de parler d’Europe quand on parle formations et étudiants. Mais désormais, il y a une envie, on se demande davantage ce que l’on peut faire, nous, pour l’Europe.

Concrètement, qui s’est saisi du dossier ?

La ministre et l’ensemble du ministère de l’enseignement supérieur, de la recherche et de l’innovation sont convaincus, comme je le suis, de l’importance de porter les sujets liés à l’enseignement au niveau européen.

La CPU Conférence des présidents d’université va consacrer la plupart de ses événements de l’année à l’Europe. La CGE Conférence des grandes écoles et la Cdefi Conférence des directeurs des écoles françaises d’ingénieurs sont aussi en train de voir comment adapter leurs programmes respectifs. 

Certains établissements sont déjà particulièrement actifs, par exemple l’UPMC Université Pierre et Marie Curie , dont le président est membre du Board de l’EUA European University Association et qui accueille le premier colloque EUA sur « Teaching and learning » fin septembre. Ou comme l’Université de Poitiers et la Comue Communautés d’universités et d’établissements Léonard de Vinci, qui se mobilisent autant pour Bologne 2018 que sur les Erasmus days des 13 et 14/10/2017. 

Les recteurs sont également très volontaires pour valoriser la continuité enseignement secondaire - enseignement supérieur. Et, au Cneser Conseil national de l’enseignement supérieur et de la recherche de juillet, lors du premier débat sur ce sujet, l’intérêt et la motivation des étudiants étaient patents.

Multiplier les rencontres et les consultations »

Nous allons donc multiplier maintenant les rencontres et les consultations déjà engagées avant l’été sur ce sujet et organiser, sans doute fin octobre, des ateliers participatifs au ministère.

L’enjeu est en effet de réussir à ce que la conférence ministérielle de 2018 soit l’aboutissement d’une mobilisation européenne de notre enseignement supérieur, que la communauté s’exprime sur la dimension européenne et internationale de son activité et que des événements « Bologne 2018 » soient organisés un peu partout en France.

Que peut-on attendre de la conférence de 2018 ?

L’objectif politique de cette conférence est de réaffirmer le processus de Bologne. Celui-ci aura 20 ans en 2018 et des voix ont pu se faire entendre pour dire qu’il fallait en rester là.

Malgré ses succès (le LMD Licence Master Doctorat , les ECTS European Credits Transfer System , la démarche qualité, la mobilité étudiante), ce processus est parfois critiqué et jugé trop bureaucratique, trop lent, trop vaste (48 États), pas assez contraignant…

Qu’en pensez-vous ?

Il s’agit d’un engagement volontaire »

L’enseignement supérieur n’est pas une compétence communautaire, contrairement à la recherche, qui est partagée entre la Commission et les États, et personne ne souhaite vraiment que les traités soient modifiés sur ce point à court ou moyen terme. Il s’agit d’un engagement volontaire par lequel chaque pays signataire s’engage, au nom de ses établissements et de ses communautés, à réformer continûment son propre système d’enseignement, mais à son rythme et en tenant compte de sa culture et de son contexte national.

C’est donc par la conviction et la bonne compréhension des intérêts mutuels des différentes parties prenantes (EUA, étudiants, universitaires, employeurs, agences qualité, etc.) et des différents pays que progresse le processus de Bologne, et non par un ensemble de normes juridiques, de contraintes et de pénalités.

Le processus rassemble 48 membres, bien au-delà du périmètre de l’UE Union européenne , comme cela fut le cas dès 1999, lorsque 29 pays signèrent la déclaration de Bologne, dont 14 étaient hors UE. Cela a du sens, car pour devenir membres, les États doivent avoir ratifié la Convention culturelle de l’Europe de 1954 et reconnu les valeurs fondamentales historiquement propres aux universités et mises en avant par la Magna Charta Universitatum (1988) ainsi que par la déclaration de la Sorbonne (1998). Il n’est pas en revanche nécessaire d’avoir adhéré à l’Europe économique et politique.

Il ne s’agit pas d’uniformiser »

Imagine-t-on que l’Europe des étudiants se fasse sans le Royaume-Uni, la Suisse ou la Norvège parce que ces États n’adhèrent pas ou plus à la totalité des réglementations de l’Union européenne ?

En outre, Bologne vise à faire converger, à rendre compatibles et équivalents des systèmes différents, mais il ne s’agit pas d’uniformiser. Cela me semble heureux, car, compte tenu des différences culturelles, il existe de grandes différences d’approche selon les pays.

« Pour éviter une certaine bureaucratisation du processus, nous pensons qu’il faudrait faire en sorte que les universitaires s’emparent plus du débat ; il faut aller vers le concret et fournir du contenu, avec une priorité à l’innovation dans l’apprentissage et l’enseignement (learning and teaching) », déclarait en septembre 2016 à News Tank Lesley Wilson, secrétaire générale de l’EUA, à propos de Bologne 2018.

« Il ne faut pas passer à côté : pour l’Europe, Bologne est une vitrine incroyable. Car même s’il est perfectible, le modèle européen d’enseignement supérieur comporte de belles réussites comme la mise en œuvre du LMD, la mobilité avec Erasmus, la reconnaissance des diplômes ou des crédits. Il s’agit de franchir une nouvelle étape en se penchant sur de nouvelles approches pédagogiques et en se concentrant sur les besoins de l’étudiant. »

Comment le processus de Bologne peut-il évoluer ?

Un changement de vision complet à opérer »

L’enseignement supérieur, comme la recherche depuis plus longtemps, est maintenant mondialisé. La grande majorité des mobilités de nos étudiants et de nos copublications se font au niveau européen. L’Europe est un premier échelon, un tremplin et un atout pour l’international.

Mais il faut faire évoluer les objectifs du processus de Bologne et les adapter aux défis du 21e siècle. Le LMD et la démarche qualité restent d’actualité, bien sûr, et de nombreux progrès sont encore à réaliser sur ces sujets, y compris en France.

Mais il faut surtout que Bologne travaille sur le rôle de l’enseignement supérieur vis-à-vis des compétences dont les jeunes et les salariés ont besoin dans le monde contemporain, sur les différentes façons d’acquérir un diplôme (la VAE Validation des acquis de l’expérience stagne en France, tout comme le supplément au diplôme…) et sur la révolution pédagogique et les défis du numérique bien sûr. Ces trois sujets sont liés, font d’ailleurs l’objet d’un groupe de travail du processus de Bologne et sont au cœur du colloque de l’EUA en septembre.

Trop d’enseignants ne reconnaissent pas encore les résultats obtenus pendant les séjours à l’étranger »

Il y a un changement de vision complet à opérer sur ce que sont les objectifs et les acquis de la mobilité. Trop d’enseignants  -en France et en Europe- ne reconnaissent pas encore, ou seulement partiellement, les résultats obtenus par les étudiants pendant les séjours « officiels » et encadrés à l’étranger, sous prétexte que les programmes ne sont pas les mêmes. Alors que tous les employeurs et les recruteurs disent combien les expériences internationales sont précieuses dans l’emploi, bien au-delà du diplôme…

« L’étudiant européen » est encore à construire et ce doit être l’objectif premier d’un processus de Bologne qu’il faut aussi rénover dans son fonctionnement : la France œuvrera en ce sens.

Parcours

Ministère de l’enseignement supérieur et de la recherche
Inspectrice général(e) de l’administration de l’éducation nationale et de la recherche
Région académique Île-de-France
Rectrice déléguée pour l’Esri
Direction générale de l’enseignement supérieur et de l’insertion professionnelle (MENESR)
Directrice générale
France Universités
Vice-présidente
Université Paris-Est Créteil (UPEC)
Directrice de l’UFR de Lettres et Sciences humaines
Université Paris-Est Créteil (UPEC)
cofondatrice et département de communication politique et publique

Établissement & diplôme

Paris Sorbonne Université (Paris 4)
Doctorat en Histoire

Fiche n° 3522, créée le 24/04/2014 à 18:42 - MàJ le 08/12/2021 à 11:22

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