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« Les écoles de management en quête d’identité » (T. Abdessemed et H. Buzy-Cazaux, ISC Paris)

News Tank Éducation & Recherche - Paris - Tribune n°108226 - Publié le 08/12/2017 à 15:07
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Henri Buzy-Cazaux et Tamym Abdessemed -

« Nous devons réaffirmer pleinement que nous sommes désormais toutes des graduate learning schools exemplaires, bien qu’agissant dans des zones d’influence différenciées en fonction de notre gouvernance, de notre localisation et de notre équation économique spécifique », écrivent Tamym Abdessemed Directeur @ Excelia Business School • Directeur général adjoint @ Excelia (Groupe)
et Henry Buzy-Cazaux Président @ Partage+ • Trésorier, membre du CA @ ISC Paris (Institut supérieur du commerce de Paris) • Président - Fondateur @ Institut du management des services immobiliers
, respectivement directeur général adjoint et directeur général d’ISC Paris, dans une tribune pour News Tank, le 08/12/2017.

« Le débat sur les “research schools” et les “teaching schools” nous semble une entrée sans pertinence, dangereuse et contre-productive pour l’ensemble de notre filière, là où le calibrage de l’influence grise nous semble la légitime question », estiment-ils.

Il reviennent sur le débat lancé par Bernard Ramanantsoa, ancien directeur de HEC, et Bernard Belletante, directeur d’EMLyon, sur la place de la recherche dans les écoles de commerce françaises. Dans une tribune à News Tank, Denis Lacoste, directeur de la recherche de TBS, écrivait également, le 14/11/2017 : « Si, en effet, beaucoup auront du mal à financer les coûts croissants de la recherche académique dans ses standards actuels, créer deux groupes bien étanches d’écoles n’est pas forcément la bonne solution ».

Tamym Abdessemed et Henry Buzy-Cazaux appellent à « faire preuve de discernement » : « En effet, le modèle grande école a changé d’aire et s’est arrimé institutionnellement aux standards internationaux de sorte que toutes nos institutions ont développé une politique académique forte articulant les deux leviers de la chaîne de valeur académique, la recherche et l’enseignement ».


Une « oscillation schizophrénique »

Pour qui connaît les grandes écoles de management françaises depuis une décennie, il y a de quoi en avoir le tournis ! Pour ne pas dire le vertige.

  • Un jour l’autopromotion est à son comble et nous autres français serions les champions du monde de l’excellence de l’agilité et le symbole même d’une globalisation qui a mis en valeur le modèle français devenu compétitif visible et attractif au plan mondial.
  • Le lendemain, le spectre du gouffre guette et plane au-dessus de nos têtes : voilà que nous irions à notre perte une fois encore, et du fait de ceux qui, pour sortir la France de son autarcie éducative en matière de formation au management, ont accéléré la concurrence effrénée entre acteurs nationaux et internationaux.

Que penser de cette oscillation schizophrénique entre un discours de quasi-maîtres du monde qu’ânonnent beaucoup d’entre nous non sans un certain stérile (et irréaliste) mimétisme stratégique et les chantres du catastrophisme qui nous prédisent encore des lendemains qui déchantent ?

« Des efforts considérables »

Nos établissements de la CGE Conférence des grandes écoles , chacun dans sa cour, chacun dans son groupe, ont pourtant consenti des efforts considérables pour conjuguer révolution académique, dynamisme international et pertinence professionnelle pour des jeunes et des moins jeunes que nous entendons structurer et armer pour « bondir » et « rebondir ».

Au-delà de l’impact de cette oscillation perpétuelle sur nos PME semi-artisanales et le management de leurs troupes à l’avenir, ce constat nous invite résolument à raison garder et à pratiquer une forme de discernement et de mesure dans nos analyses, une forme de tempérance.

« Une source de satisfaction et d’influence internationale » »

Si notre filière des grandes écoles de management a considérablement accru sa légitimité et sa reconnaissance, au plan national comme au plan international, par une politique de professionnalisation continue et systématique qui en a d’autant plus de mérite que les écoles diplôment largement plus d’étudiants qu’il y a vingt ans à tous les segments de notre activité maintenant (L, M, D), elle a en parallèle beaucoup compensé sa filiation fondatrice qui était par essence d’être anti-académique, quasi-idéologiquement. Pour tenir les deux bouts d’une même ambition de manière intelligible au monde. C’est fait !

Cette signature collective des grandes écoles à la française est heureuse pour tous les acteurs et constitue globalement pour notre filière une source de satisfaction et d’influence internationale, dans un esprit de lotissement qu’il convient sans cesse de promouvoir, au sens où le développe Loïck Roche Directeur général adjoint et directeur académique @ Groupe IGS • Professeur @ Grenoble École de Management (GEM)
.

Notre collègue postule dans sa théorie que chaque institution a d’autant plus de valeur que sa voisine en a : c’est au fond un idéal de confraternité et de communauté d’action qui sous-tend cette philosophie.

« Un impératif d’identité pour tous » »

Maintenant compatible et visible grâce aux efforts cumulés de l’ensemble des acteurs, n’hésitons à promouvoir ensemble un modèle non plus simplement de formation, mais désormais institutionnel. Et d’abord chez nous encore, à l’international toujours, ensuite. C’est une performance par la « mêmeté », un impératif d’identité pour tous qui nous oblige.

« Des équations stratégiques singulièrement différentes »

Pour autant, ce bien commun masque des équations stratégiques singulièrement différentes entre des acteurs territoriaux, des acteurs nationaux à impact international et des acteurs globaux rares, mais qui ont marqué des points indiscutablement.

Il convient de l’assumer, de le respecter et même de faire de cette diversité une force, le leadership global des uns profitant à l’assise nationale des autres, et l’assise territoriale des autres fortifiant le leadership des plus puissants au bénéfice de tous et de la vitalité universitaire de notre pays dans son entièreté au premier chef.

C’est une performance par la diversité cette fois, qui nous est précieuse en tant que filière et qui valorise notre productivité et notre ouverture à la française que nous incarnons chacun à notre niveau. Appelons-le, en nous rappelant Leibniz, l’impératif de diversité, dont le corollaire est la soutenabilité du business model des uns et des autres.

Cette identité cohérente de chacun dans un modèle partagé par tous et que nous incarnons à des échelles différenciées, il convient de l’assumer pour calibrer une influence grise cohérente dans nos arènes respectives et pérenniser nos institutions.

Ainsi, une école se verra bien imposer les injonctions paradoxales de sa catégorie et non celles des autres, auxquelles elle ne pourrait faire face. Ce concept d’identité cohérente des établissements développé par Pierre Tapie lors de la rencontre de la CGE Conférence des grandes écoles d’octobre dernier nous induit un type d’  « influence grise » approprié pour chaque acteur dans sa catégorie, mais fort de notre référentiel collectif.

Le débat sur les « research schools » et les « teaching schools »

A cet égard, le débat sur les « research schools » et les « teaching schools » nous semble une entrée sans pertinence, dangereuse et contre-productive pour l’ensemble de notre filière, là où le calibrage de l’influence grise nous semble la légitime question.

Le modèle grande école a changé d’aire »

Faisons donc à ce stade preuve de discernement. En effet, le modèle grande école a changé d’aire et s’est arrimé institutionnellement aux standards internationaux de sorte que toutes nos institutions ont développé une politique académique forte articulant les deux leviers de la chaîne de valeur académique, la recherche et l’enseignement.

Elle est d’ailleurs devenue la norme minimale pour la CEFDG Commission d'évaluation des formations et diplômes de gestion qui établit bien que l’on ne peut conférer le grade de master sans une ossature académique qui abrite et structure le savant exercice de professionnalisation de nos diplômes.

« Graduate Schools », les grandes écoles de management françaises du Chapitre le sont devenues »

« Graduate Schools », les grandes écoles de management françaises du Chapitre le sont devenues au prix d’efforts considérables que nous appelions ailleurs « génie managérial »[1], et une graduate school est à la fois recherche et enseignement par essence même.

A l’heure où l’on se pose la question des écoles universitaires de recherche dans les universités, que sommes-nous d’autres sinon cela, nous autres qui totalisons un nombre impressionnant d’accréditations internationales au km² pour nos établissements ?

« Redoubler de créativité »

Ce qui est certain, c’est que le modèle de la grande école, connu pour son agilité, doit redoubler de créativité pour incarner un continuum moderne, intégrateur et harmonieux, entre recherche et enseignement -multicanal-.

Nous devons réaffirmer pleinement que nous sommes désormais toutes des graduate learning schools exemplaires, bien qu’agissant dans des zones d’influence différenciées en fonction de notre gouvernance, de notre localisation et de notre équation économique spécifique.

Ainsi, nous préparons et transformons des individus en les exposant, dans un cadre académique approfondi et large, aux enjeux professionnels à venir, pour développer des personnalités à la fois solides et plastiques, capables de s’adapter aux situations, aptes à inventer comme à s’inventer et se réinventer par exposition et par frottement aux parties prenantes.

Chaque famille d’école a sa propre équation pour articuler ces composantes à sa manière, selon la « capacité stratégique » de son corps professoral, pour reprendre les termes de Jean-Claude Thoenig. Et c’est heureux ! En effet, cette articulation ne doit être ni unique ni devenir normée ou figée ni se faire aux prix d’un manquement à l’esprit de notre modèle « grande école ».

Cette partie de là de la mission n’est ou ne devrait pas être négociable »

Dans notre mission, il y a lieu de faire grandir nos étudiants, de les projeter vers quoi ils excelleront et s’épanouiront dans une alchimie entre pensée et action qu’il leur appartiendra de paramétrer à leur main, leur apprendre à décider avec doute, mais clarté, les animer durablement d’une soif d’agir et d’entreprendre parce qu’ils auront baigné dans tout cela à la fois dans nos murs, dès nos murs, et que c’est de cette alchimie évolutive que nos entreprises ont besoin pour que la communauté apprenante y trouve sens et pertinence, habitée par sa mission, vivante et ardente.

Quelle que soit notre catégorie et notre vision, cette partie-là de la mission n’est ou ne devrait pas être négociable, c’est justement notre promesse commune et surtout la grandeur de notre métier et le socle de notre modèle.

C’est au fond l’accréditation du marché, qui a précédé pour nos écoles fondées sur la proximité des entreprises, l’accréditation académique. Cette reconnaissance-là, en renouvellement constant, est le ressort de notre leadership local, national et mondial. Le registre du moment dirait que c’est notre ADN.

Tamym Abdessemed


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Parcours

Excelia Business School
Directeur
Excelia (Groupe)
Directeur général adjoint
Conférence des grandes écoles (CGE)
Commissaire aux 50 ans de la CGE
Excelia Business School
Directeur (intérim)
Excelia (Groupe)
Directeur stratégie, institutionnel et développement des territoires
Conférence des grandes écoles (CGE)
Président de la Commission communication
ISC Paris (Institut supérieur du commerce de Paris)
Directeur général adjoint académique et recherche
ICN Business School (Institut commercial de Nancy)
Enseignant-chercheur, directeur du programme doctoral et de l’axe développement pédagogique
ICN Business School (Institut commercial de Nancy)
Directeur académique et de la recherche
HEC Paris (Ecole des hautes études commerciales de Paris)
Directeur du programme doctoral et du développement pédagogique

Établissement & diplôme

Université Paris 1 Panthéon-Sorbonne
Habilitation à diriger des recherches
HEC
Diplômé

Fiche n° 4353, créée le 04/06/2014 à 21:25 - MàJ le 21/02/2023 à 10:35

Henry Buzy-Cazaux


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Parcours

Partage+
Président
Institut du management des services immobiliers
Président - Fondateur
Fédération nationale de l’immobilier (Fnaim)
Directeur général
Emeria
Directeur général adjoint
Crédit Immobilier de France
Directeur délégué
Fédération nationale de l’immobilier (Fnaim)
Conseiller du président
Assemblée nationale (AN)
Conseiller de Pierre Méhaignerie
Assemblée nationale (AN)
Assistant parlementaire de François Bayrou
Agence nationale de lutte contre l’illettrisme
Chargé de mission
Yvelines
Instituteur

Fiche n° 26029, créée le 27/09/2017 à 14:25 - MàJ le 17/05/2019 à 14:01


[1] Lettre d’information de la Conférence des Grandes Écoles - n° 83 (avril 2017) : La mutation organisationnelle et managériale des EM françaises, reflet de leur « génie managérial » ? >>> http://www.cge-news.com/main.php ?p=1748

Henri Buzy-Cazaux et Tamym Abdessemed -