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De Parcoursup aux réseaux sociaux : les étudiants ambassadeurs, un relais de communication

Paris - Actualité n°140032 - Publié le 14/02/2019 à 10:29
©  Seb Lascoux
Séminaire des communicants de l’éducation nationale et de l’enseignement supérieur lors de Think - ©  Seb Lascoux

« Le service “étudiants ambassadeurs“ sur Parcoursup est expérimental en 2019. Nous inventons un dispositif qui va dépendre de la manière dont les établissements et les étudiants s’en emparent. Nous pourrons ensuite fédérer les démarches pour leur donner ampleur et visibilité, tout en garantissant une certaine homogénéité », déclare Jérôme Teillard Igésr de première classe @ Inspection générale de l'éducation, du sport et de la recherche (Igésr) • Chef de projet Réforme de l’accès à l’enseignement supérieur @ Ministère de l’enseignement… , chef de projet « Réforme de l’accès à l’enseignement supérieur » au ministère de l’enseignement supérieur et de la recherche.

Il s’exprime à l’occasion du séminaire des communicants de l’éducation nationale et de l’enseignement supérieur, qui a lieu dans le cadre de Think Education et Recherche, le 12/02/2019, à l’Université Paris-Dauphine.  

Jérôme Teillard défend une « souplesse sur les modalités de mises en œuvre » du dispositif « étudiants ambassadeurs », qui fait partie des nouveautés de l’édition 2019 de Parcoursup. Les formations présentes sur la plateforme doivent proposer ce service aux candidats, qui peuvent ainsi entrer en contact par mail avec un étudiant pendant leur démarche de vœux.

Répondre à l’angoisse des lycéens 

« La mise en place d’étudiants ambassadeurs sur Parcoursup répond à l’angoisse qui envahit les lycéens au moment de la transition vers l’enseignement supérieur. C’est une attente que nous avons repérée avec nos enquêtes d’usagers », détaille Jérôme Teillard.

Pour Anne Rozario, CSAIO (cheffe du service académique de l’information et de l’orientation) à Rouen, « ce dispositif s’inscrit dans le continuum bac-3/ bac+3 qui a pour objectif de donner la vision la plus claire possible de ce qui se passe dans l’enseignement supérieur. Les étudiants ambassadeurs donnent une approche très subjective à côté de l’approche statistique fournie également sur Parcoursup. »

« Parcoursup place le lycéen en responsabilité de choisir. Pour cela, nous devons être en capacité de lui fournir de l’information. Ce dispositif est une brique de plus, comme la carte interactive mise en place cette année également », dit Jérôme Teillard.

« Il s’agit d’instaurer une relation plus directe avec le lycéen qui osera davantage poser des questions à un étudiant qu’à un adulte. Parcoursup n’a pas vocation à tout faire, mais il est un point de contact, un passage obligé où on peut recevoir de l’information qui n’existe pas ailleurs », affirme le chef de projet.

En ouverture de Think Education et Recherche, Frédérique Vidal déclarait à News Tank qu’ « un bon ambassadeur, c’est quelqu’un qui est capable d’apporter davantage que des choses factuelles : son propre vécu ».

« Des jeunes en service civique vont pouvoir le faire. Il y a aussi des associations qui pensent les étudiants ambassadeurs, comme la Fage. Des sites se sont également montés, mettant en relation des lycéens et des étudiants. Et il y a aussi l’Afev qui travaille sur la partie extra-académique. »

 

Les étudiants-ambassadeurs à l’université Bretagne-Sud

Xavier Tripoteau - ©  Seb Lascoux
L’université de Bretagne-Sud témoigne de la mise en place d’étudiants ambassadeurs dans son université.

« Parcoursup, c’est le Meetic de l’enseignement supérieur. On est passé d’un système où la formation choisit l’étudiant à un autre où l’étudiant choisit sa formation. L’information doit se faire à 360 degrés, affirme Xavier Tripoteau Directeur @ IUT de Vannes • Chargé de mission « Parcoursup » @ Ministère de l’enseignement supérieur, de la recherche et l’innovation
, vice-président formation et vie universitaire de l’université Bretagne-Sud. Le service communication peut assurer 300 degrés, mais les 60 autres degrés, sur des questions plus informelles, relèvent des étudiants ambassadeurs. »

L’Université Bretagne-Sud n’a eu « aucun mal à recruter ses étudiants ambassadeurs », selon Xavier Tripoteau.

Ils sont 80 à pouvoir donner des informations sur les 30 formations de l’université présentes sur Parcoursup. Ils ont reçu une formation pour connaître leur mission, mais « pas de discours préformaté ». Et sont tous bénévoles.

« L’université ne contrôle pas ce qu’ils vont dire. Quand un lycéen tape sur Google “avis licence Bretagne-Sud“, l’université ne contrôle pas davantage ce qui se dit sur internet. Nous n’avons pas besoin de leur donner des outils de communication, car les étudiants ambassadeurs connaissent déjà les réponses sur la vie étudiante », indique Xavier Tripoteau.

Ocellina Paffoni, étudiante en master 1 de droit à l’université Bretagne Sud, a accepté de devenir ambassadrice étudiante, car « elle se posait beaucoup de questions sur cette filière au lycée et aurait aimé avoir des réponses ».

Entre le 01 et le 12/02/2019, elle a reçu peu de messages et tous concernent effectivement le temps de travail ou la vie étudiante. Pour Ocellina, ce rôle ne représente pas une énorme charge de travail et elle le prend sur son temps personnel.

Les étudiants ambassadeurs et les réseaux sociaux  

Déborah Jeanpetit - ©  Seb Lascoux
Xavier Tripoteau juge tout de même que « le mail n’est pas l’idéal pour entrer en contact avec les jeunes. Ce n’est pas leur moyen de communication privilégié ». Le vice-président veut doubler le dispositif des étudiants ambassadeurs sur les réseaux sociaux.

Deborah JeanPetit, community manager à l’EM Strasbourg (Université de Strasbourg), acquiesce : « Le mail ne fonctionne plus auprès de la population étudiante ». Ocellina Paffoni souligne une autre limite au mail : il n’est pas anonyme.

La nécessité d’une présence d’ambassadeurs étudiants sur les réseaux sociaux, à côté de Parcoursup, fait consensus.

« À nous en tant qu’école et université de prendre les devants, il ne faut pas attendre que Parcoursup le fasse », estime Déborah Jeanpetit.

La community manager de l’EM Strasbourg fait part de son expérience. L’école de commerce a d’abord confié ses comptes Twitter ou Facebook à ses étudiants en stage ou en année de césure avant de créer un poste dédié aux réseaux sociaux.

« Je suis jeune diplômée, j’ai encore cette proximité en âge avec les étudiants, même si les usages évoluent vite. Aujourd’hui, Facebook, c’est pour les vieux. Les étudiants commencent à me contacter via Instagram. Ils savent que nous devons être réactifs. Ils passent par nous quand ils ont une question, plutôt que d’appeler l’accueil qui ne répond pas. Sur les réseaux, ils auront une réponse dans l’heure. »

Déborah Jeanpetit voit deux temps dans l’année où les étudiants ambassadeurs ont un rôle à jouer :

« En décembre- janvier, les futurs étudiants se renseignent sur les formations, viennent sur les salons et aux journées portes ouvertes. En juin-juillet, il y a une deuxième vague de questions. Les jeunes savent qu’ils vont intégrer l’école et ils posent alors des questions sur la ville, le logement et tout ce qui a trait à la vie étudiante. »

 

Les ambasssadeurs étudiants peuvent aussi toucher des publics plus jeunes. Juliette Defrance, étudiante volontaire en service civique à l’Université de Lille, participe au projet parcours d’excellence qui existe depuis 2016 et a pour but de lever l’auto-censure des collégiens de REP et REP+ en leur présentant ce qu’est l’université.

Elle se rend dans les collèges et organise des visites de campus. Ils sont quatre étudiants en service civique à s’occuper de ce dispositif. « L’université est très lointaine pour eux. C’est important de les faire réfléchir dès le collège à leur orientation. »

©  Seb Lascoux
Séminaire des communicants de l’éducation nationale et de l’enseignement supérieur lors de Think - ©  Seb Lascoux