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Les écoles d’ingénieurs de PSL face au Covid-19 : « Se préparer aux conséquences pour l’avenir »

News Tank Éducation & Recherche - Paris - Interview n°181338 - Publié le 23/04/2020 à 18:25
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Vincent Croquette, Vincent Laflèche et Christian Lerminiaux - ©  D.R.

« Il y a eu deux étapes [dans la gestion de la crise sanitaire]. Après la gestion de l’urgence, désormais, nos réflexions portent sur le moyen terme, notamment la question de l’organisation des concours avec l’ENS - PSL Paris Sciences & Lettres et celles des congés. Aujourd’hui, on ne peut plus ignorer que cet épisode aura un impact sur l’année 2020-2021 et nous devons essayer de programmer cela. Comment nous préparer aux conséquences de la crise sur l’année 2020-2021 ? Il y aura un impact », déclare Vincent Laflèche Directeur général @ Mines Paris - PSL
, directeur de Mines ParisTech-PSL, à News Tank, le 22/04/2020.

Il revient pour News Tank sur la gestion de la crise sanitaire liée au Covid-19 dans les écoles d’ingénieurs de PSL, avec Vincent Croquette Directeur général @ ESPCI Paris - PSL (École supérieure de physique et de chimie industrielles de la ville de Paris - PSL) • Fondateur d’une start-up @ Depixus • Enseignant @ ESPCI Paris - PSL… , directeur de l’ESPCI Ecole supérieure de physique et de chimie de la ville de Paris Paris - PSL et Christian Lerminiaux Vice-président @ Conférence des directeurs des écoles françaises d’ingénieurs (Cdefi) • Président @ ParisTech • Directeur @ Chimie ParisTech - PSL (École nationale supérieure de chimie de Paris … , directeur de Chimie ParisTech - PSL.

Ce dernier déclare : « Nous échangeons beaucoup plus entre nous trois, même si nous sommes également dans d’autres instances. En ce moment, par exemple, nous discutons de la façon dont nous pourrions harmoniser l’utilisation de la CVEC Contribution de vie étudiante et de campus pour aider nos élèves ».

Selon lui, « se posera la question de l’attractivité internationale de PSL, à la rentrée prochaine. Aujourd’hui, on ne voit pas de changement dans le recrutement par rapport aux années précédentes. Mais cela peut changer en septembre. Or, les nouveaux masters PSL, qui ont ouvert à la rentrée 2019 ont vocation à accueillir 50 % d’internationaux (…). Si nous n’arrivons pas à avoir cette attractivité internationale, il faudra que l’on se pose des questions ».

Quant aux autres conséquences, Vincent Laflèche indique ne pas avoir « d’inquiétude économique en 2020 nous concernant ». Mais « il y a beaucoup de paramètres qui peuvent avoir un impact sur nos ressources. Et nous devrons probablement gérer des effets antagonistes. Il est trop tôt pour être pessimistes… ou optimistes ».


Vincent Croquette, Vincent Laflèche et Christian Lerminiaux répondent à News Tank

Comment les écoles de PSL Paris Sciences & Lettres gèrent-elles la crise de Covid-19 ? Avez-vous mutualisé des cours ou des outils ? 

Vincent Croquette  :  Cela se passe bien au final, même si cela a été un changement du jour au lendemain. Cela a mobilisé d’importantes ressources, mais nous étions prêts.  

Vincent Laflèche : Côté formation, nous avons en commun d’avoir un taux d’encadrement élevé et cela nous a permis de faire cette bascule. De plus, le réseau PSL a permis de profiter de ceux qui étaient plus avancés que d’autres sur certains points. 

Christian Lerminiaux : Mais, en effet, nous avions déjà l’usage de Teams, nous avons pu effectuer des bascules très rapides, notamment pour nos directeurs. Les services mutualisés support (SMS) de PSL nous ont aidés, dans ce contexte. 

En revanche, non, nous n’avons pas fait de nouveaux cours mutualisés. Nous avons répercuté chacun les emplois du temps en distanciel de nos cours.  

Vincent Laflèche : Je note aussi, via les remontées du BDE Bureau des étudiants des Mines, que les étudiants ont été bluffés par la réactivité de nos enseignants et la continuité pédagogique mise en œuvre. 

Christian Lerminiaux : Et nous aussi, nous avons été bluffés !

Vincent Laflèche : Par ailleurs, il faut dire que nous avons eu de la chance, dans une certaine mesure, sur la date de fermeture. Dans mon école, le dernier examen écrit des élèves de troisième année a eu lieu le vendredi 13/03, soit avant la date de début du confinement du lundi 16/03.

Pour beaucoup d’écoles d’ingénieurs, nous allions entrer dans une période consacrée aux stages et aux enseignements optionnels.  

Est-ce que cela vous demande plus d’énergie, pour vous coordonner ? 

Nos DGS ont échangé sur énormément d’aspects »

Vincent Croquette : Nous avons collaboré en amont de ces bascules. Ainsi, j’ai échangé avec l’ENS École normale supérieure - PSL , Chimie ParisTech et Mines ParisTech sur nos interventions auprès de nos communautés, afin d’être en phase sur les annonces, lors de la période précédant le confinement. Il y avait beaucoup d’incertitudes sur la recherche, par exemple. Et nous avons collaboré, car nous nous posions des questions similaires.

Cela permet de nous rapprocher. Par exemple, nos DGS Directeur/trice général(e) des services ont échangé sur énormément d’aspects. 

Christian Lerminiaux : Et nous échangeons beaucoup plus entre nous trois, même si nous sommes également dans d’autres instances. En ce moment, par exemple, nous discutons de la façon dont nous pourrions harmoniser l’utilisation de la CVEC Contribution de vie étudiante et de campus pour aider nos élèves.

Vincent Laflèche : Il y a eu deux étapes, selon moi. Après la gestion de l’urgence, désormais, nos réflexions portent sur le moyen terme, notamment la question de l’organisation des concours avec l’ENS - PSL et celles des congés. Aujourd’hui, on ne peut plus ignorer que cet épisode aura un impact sur l’année 2020-2021 et nous devons essayer de programmer cela. Comment nous préparer aux conséquences de la crise sur l’année 2020-2021 ? Il y aura un impact.

Que retenez-vous de la crise actuelle ?  

Vincent Laflèche : Il faut mentionner la formidable mobilisation des étudiants et de nos centres de recherche, dans leur mobilisation avec l’AP-HP Assistance publique-hôpitaux de Paris . Non seulement nos travaux d’option se poursuivent, mais ils ont été réorientés pour déboucher sur la conception rapide de nouveaux lits d’hôpitaux, sur des pousse-seringues. Et il y a des projets de recherche en sociologie sur l’impact du port du masque généralisé. 

Les étudiants ont répondu massivement présents à l’AP-HP : ils ont mis en place une petite usine, dans la résidence étudiante, pour fabriquer des pièces pour les masques. 

Nous sommes des écoles citoyennes. C’est une grande fierté. Nous voyons bien que nous formons, au-delà des compétences, des ingénieurs citoyens avec des valeurs de solidarité. 

Vincent Croquette : De la même manière, de nombreuses initiatives ont vu le jour au sein de la communauté de l’ESPCI. Ingénieurs, chercheurs, élèves, personnels… tous à leur échelle, apportent leur pierre à l’édifice et soutiennent les soignants et/ou font avancer la recherche.

Ces dernières semaines, plusieurs dizaines de cartons remplis d’équipements de protections individuelles ont été donnés aux AP-HP. En parallèle, les neuf imprimantes 3D de l’école travaillent à plein régime pour fabriquer des visières de protection.

Plusieurs équipes de recherche mettent activement à profit leurs compétences dans la lutte contre le Covid-19. Ainsi une équipe du laboratoire Gulliver et une autre du laboratoire CBI ont été lauréates de l’appel à projets de l’ANR Agence nationale de la recherche et travaillent à la mise au point de dispositifs de tests rapides et simples d’utilisation, directement au chevet du patient.

Une autre équipe de l’Institut Langevin développe un système de surveillance de la respiration des patients à distance. Une d’entre elles participe, avec l’Institut Pasteur, à la mise au point des tests PCR.

Comment gérez-vous les étudiants internationaux et vos étudiants en mobilité internationale ? 

Vincent Laflèche : 60 étudiants des Mines Paris sont encore à l’étranger. Mais c’est parce qu’ils ont choisi de ne pas rentrer, pour différentes raisons.

Vincent Croquette : Nos stages et les mobilités internationales commencent en mai, donc nos étudiants ne sont pas trop concernés. En revanche, nous avions des étudiants internationaux chez nous. Ils ont fait leur choix au cas par cas.

Nous les suivons individuellement. Nous tenons également une comptabilité précise des étudiants touchés par le virus. Dans cette crise, nous constatons que nous, les directeurs, nous sommes également très sollicités pour la gestion des problèmes individuels ou portant sur de petites cohortes.

Par exemple, certains équilibraient leur budget entre une bourse et un job étudiant qui s’arrête brutalement avec le confinement. Face à leurs difficultés financières, nous les appuyons. Tout le personnel de l’école s’est mis en quatre. 

Se posera la question de l’attractivité internationale de PSL »

Christian Lerminiaux : Nos écoles ne comptent que 2 500 étudiants, mais beaucoup partent à l’international. Nous les suivons tous. Et, dans cette période, nous nous rendons compte que l’on est très dépendant de la politique de chaque pays. Nos étudiants chinois n’étaient pas à l’aise avec la gestion de la crise par la France et nous voyons que nos étudiants présents en Suède sont, à leur tour, dans un hiatus avec les préconisations locales.

Et puis, se posera la question de l’attractivité internationale de PSL, à la rentrée prochaine. Aujourd’hui, on ne voit pas de changement dans le recrutement par rapport aux années précédentes. Mais cela peut changer en septembre.

Or, les nouveaux masters PSL, qui ont ouvert à la rentrée 2019 ont vocation à accueillir 50 % d’internationaux. Il faut garantir à ces élèves que nous pourrons les accompagner dans un processus d’obtention des visas - car on voit que les restrictions de passage des frontières existent déjà -, que nous les accueillerons et qu’ils pourront suivre la formation, même à distance. 

La dimension internationale de l’ESR Enseignement supérieur et recherche , et cette vocation particulière de PSL, sera-t-elle remise en cause ?  

Christian Lerminiaux : J’espère que ce ne sera pas remis en question et que nous arriverons à maintenir 50 % d’étudiants internationaux dans ces cursus, car c’est l’objectif que nous nous sommes fixé. C’est un vrai défi.

Si nous n’arrivons pas à avoir cette attractivité internationale, il faudra que l’on se pose des questions »

Cette proportion n’est pas commandée par des aspects financiers - si nous sommes en déficit à la fin de l’année, nous savons que nos tutelles ne vont pas nous tomber dessus - mais bien parce que c’est la raison d’être de ces masters et de PSL. Si nous n’arrivons pas à avoir cette attractivité internationale, il faudra que l’on se pose des questions. 

Vincent Laflèche  : La question se pose aussi pour le doctorat, que ce soit en mobilité entrante ou sortante. Nous serons dans une année atypique. Nous aurons une répartition nationale et internationale différente. 

Sur la question de nos ressources financières, c’est surtout notre proximité avec le monde économique et le très fort taux de contrats doctoraux pris en charge par les entreprises qui risque d’être mis en cause. 

Car beaucoup d’entreprises n’ont pas de plan de continuité d’activité. Et, aujourd’hui, lorsque nous essayons de contacter leurs services de R&D ou d’achats, nous ne réussirons pas à les avoir. Ils sont au chômage technique et ne peuvent pas signer de nouveaux contrats. 

Je n’ai pas d’inquiétude économique en 2020 nous concernant »

Je n’ai pas d’inquiétude économique en 2020 nous concernant. Mais nous sommes en lien avec des acteurs économiques privés et c’est la santé de ces partenaires de recherche privée qui nous préoccupent. Mais peut-être seront-ils accompagnés par le plan de relance du gouvernement. Et peut-être que, plus que jamais, nos diplômes seront plébiscités… Les conséquences sur les formations en alternance dépendront aussi des décisions du gouvernement. 

Bref, il y a beaucoup de paramètres qui peuvent avoir un impact sur nos ressources. Et nous devrons probablement gérer des effets antagonistes. Il est trop tôt pour être pessimistes… ou optimistes.

Chimie ParisTech - PSL (École nationale supérieure de chimie de Paris - PSL)

Ecole d’ingénieurs


Catégorie : Écoles d'ingénieurs
Maison mère : Université PSL


Adresse du siège

11 Rue Pierre et Marie Curie
75005 Paris France


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Fiche n° 1908, créée le 05/05/2014 à 12:22 - MàJ le 28/11/2022 à 09:07

Mines Paris - PSL

Ecole d’ingénieurs.

Catégorie : Écoles d'ingénieurs
Maison mère : Université PSL


Adresse du siège

60, boulevard Saint-Michel
75272 Paris Cedex 06 France


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Fiche n° 3264, créée le 21/04/2015 à 02:50 - MàJ le 28/11/2022 à 09:07

ESPCI Paris - PSL (École supérieure de physique et de chimie industrielles de la ville de Paris - PSL)

Membre de ParisTech.

Catégorie : Écoles d'ingénieurs
Maison mère : Université PSL


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Fiche n° 4028, créée le 11/04/2016 à 06:44 - MàJ le 28/11/2022 à 09:07


Fiche n° 9321, créée le 06/11/2019 à 04:36 - MàJ le 28/11/2022 à 09:07

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