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« Que l’État accorde sa confiance » aux scientifiques (CFDT éducation, formation, recherche publiques)

News Tank Éducation & Recherche - Paris - Actualité n°324965 - Publié le 17/05/2024 à 12:18
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Ouverture du congrès 2024 du Sgen-CFDT - ©  CFDT Université Paris Nanterre

« Que l’État accorde sa confiance à la communauté scientifique nationale, la soutienne en lui fournissant les moyens financiers et humains nécessaires pour relever les défis auxquels l’Humanité est confrontée. » C’est ce que demande une motion de la fédération CFDT Confédération française démocratique du travail éducation, formation, recherche publiques (ex Sgen-CFDT Syndicat général de l’Éducation nationale - Confédération française démocratique du travail ), intitulée « Construire notre vision de la science et de la recherche », et adoptée avec 273 voix et trois abstentions le 15/05/2024 en congrès.

« Cela signifie notamment le retour immédiat à un équilibre entre financement récurrent et financement sur appels à projets. » L’organisation indique défendre « une recherche forte et indépendante, une recherche publique capable de répondre à l’ambition du pays de demeurer parmi les grandes nations scientifiques ».

Outre le financement de la recherche, la motion évoque aussi :
• l’éthique, avec notamment la proposition d’une instance de débat sur la décision d’usage ou de poursuites de travaux scientifiques réunissant Cese Conseil économique, social et environnemental , Opecst Office parlementaire d’évaluation des choix scientifiques et technologiques et Académie des sciences ;
• la science en société, en misant sur une mobilisation citoyenne participative.

La motion adoptée se base sur une version plus longue portée par le syndicat Sgen-CFDT Recherche EPST Établissement public à caractère scientifique et technologique , à laquelle les congressistes avaient également accès, qui évoque aussi :
• l’évaluation de la recherche, en recommandant la mise en place de comités d’évaluation internes et paritaires ainsi qu’une évaluation des établissements par des comités mixtes d’experts français et internationaux ;
• la déontologie, avec un accompagnement renforcé des équipes de recherche ;
• l’Europe de la recherche, qu’il considère insuffisamment investie par la communauté scientifique française.


Les principaux éléments de la motion adoptée en congrès

Éthique : proposition d’une instance réunissant Cese, Opecst et Académie des sciences

En matière d’éthique, la fédération considère que :

  • « La responsabilité du chercheur est d’anticiper autant que faire se peut l’usage de la connaissance produite et l’utilisation de celle-ci qui doit préserver l’humanité des dérives de ses usages ;
  • les statuts de tous les personnels de recherche de la fonction publique doivent les protéger, ainsi que tous les personnels des collectifs de recherches, des influences externes dans un but mercantile, d’asservissement, d’aliénations des droits fondamentaux des populations, de la remise en cause de la transition écologique et sociale ;
  • aucun chercheur ne peut être contraint par son employeur, public ou privé, de produire des connaissances qui contreviennent à l’éthique ou portent atteinte aux intérêts de l’humanité ;
  • la décision d’usage ou de poursuite des travaux scientifiques controversés doit faire l’objet d’un débat démocratique éclairé. »

Elle propose que ce débat se fasse « au sein d’une instance qui pourrait réunir le Cese (Conseil économique social et environnemental), l’Opecst et l’Académie des sciences ».

Science en société : miser sur l’éducation et le dialogue pour « une recherche crédible, écoutée et entendue »

La fédération propose de « renouveler le Pacte républicain entre la société et le monde académique en réunissant les conditions d’une recherche crédible, écoutée et entendue », notamment par « une mobilisation citoyenne de nature participative lorsque c’est possible ».

Pour cela, elle recommande :

  • « d’améliorer l’éducation scolaire en accordant une plus grande importance à l’enseignement des méthodes scientifiques ;
  • de promouvoir l’enseignement des sciences dès l’école élémentaire ;
  • de transformer la médiation scientifique vers la médiation de la recherche ;
  • de promouvoir le dialogue, la confiance mutuelle et la collaboration entre le public, la classe politique et les scientifiques ».

Les autres éléments de la motion initiale du Sgen-CFDT Recherche EPST

Atteindre les 3 % du PIB Produit intérieur brut investis dans la R&D Recherche et développement et donner des moyens aux ONR Organismes nationaux de recherche

« Nous revendiquons l’application de la stratégie de Lisbonne élaborée en 2000 qui plaide pour une R&D à 3 % du PIB (administrations et entreprises) et 1 % du PIB pour la recherche publique. Nous contestons le maintien du CIR  Crédit Impôt Recherche  », écrit le Sgen-CFDT Recherche EPST dans sa motion initiale.

« Nous dénonçons le maintien du modèle de COP Contrat d’objectifs et de performance des organismes de recherche, tel qu’il existe aujourd’hui, qui leur impose d’atteindre des objectifs sans que l’État ne s’engage substantiellement à financer cette ambition », ajoute-t-il.

Évoquant la mise en place des PEPR Programmes et équipements prioritaires de recherche et des agences de programmes, il indique :

  • « Ces décisions technocratiques, décidées top down, allouent aux ONR des thématiques de recherche qui répondent plus aux besoins d’innovation exprimés par l’industrie qu’aux prospectives scientifiques issues de la recherche fondamentale que propose la communauté scientifique.
  • L’allocation indigente de ressources financières et humaines ne favorise ni la rupture avec les recettes de planification du passé ni aucun renouveau pour les disciplines. »

Évaluation de la recherche : la mise en place de « comités d’évaluation internes et paritaires »

Le syndicat considère « essentiel :

  • de rétablir la place du collectif en évaluant la production de connaissance à l’échelle des équipes et la pratique de la recherche à l’échelle de l’individu ;
  • d’appliquer ces mêmes critères d’évaluation aux résultats issus de recherches participatives ;
  • d’abandonner les classements internationaux ;
  • d’interroger la pertinence sociétale des recherches et de leurs résultats ;
  • de poser des alertes lors de l’évaluation sur des résultats qui, par leurs usages potentiels, contreviendraient à préserver l’humanité et le système Terre ».

Il recommande ainsi :

  • « la mise en place de comités d’évaluation internes et paritaires, constitués de membres nommés ou élus sur des listes syndicales, chargés d’évaluer par les pairs l’ensemble des personnels et des équipes de recherche ;
  • que l’évaluation des ONR et des universités soit confiée à un comité mixte d’experts français et internationaux ».

Déontologie : un accompagnement par les établissements

Pour le syndicat, les établissement doivent :

  • « renforcer un accompagnement de qualité des équipes de recherche pour mener à bien les démarches d’identification des besoins, des marchés, des acteurs et des modes de valorisation ;
  • établir une démarche déontologique qui suit la méthode scientifique et respecte les règles admises par la communauté scientifique ;
  • interroger, pour les acteurs de la recherche, les règles déontologiques régulièrement, tout au long de la carrière (formation-titulaire), afin de se prémunir de potentielles méconduites scientifiques ».

Europe de la recherche : investir davantage l’ERC European Research Council grâce à un meilleur accompagnement

Le syndicat note « une érosion significative des soumissions à l’ERC de la part des scientifiques français, en particulier les jeunes » et un taux de réussite assez faible. Il l’explique par :

  • « une pratique culturelle française faible du dépôt de dossier (les scientifiques étrangers travaillant en France candidatent deux fois plus) ;
  • un encadrement administratif insuffisant, peu formé, mal payé et donc volatile pour accompagner les scientifiques dans l’appropriation du programme et la constitution des dossiers ».

« Dans l’état actuel du financement de la recherche en France comme dans d’autres pays de l’Union, le budget du programme d’Horizon Europe 2021-2027 constitue une ressource de financements plus pérenne qui doit être maintenue et abondée pour atteindre 3 % du budget européen. La ressource que constitue l’ERC doit être plus investie par la communauté scientifique française, elle-même mieux accompagnée pour le faire. »

CFDT Éducation, Formation, Recherche Publiques (SGEN - CFDT)

Syndicat français affilié à la CFDT.


Catégorie : Syndicats


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2 boulevard de la Villette
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Fiche n° 4527, créée le 30/11/2016 à 10:22 - MàJ le 29/05/2024 à 11:03

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